Introduction à La Gnose
La conception gnostique
La gnose est une lignée d’enseignement philosophique et spirituel qui se caractérise en premier lieu par une volonté de libération totale du monde dans lequel nous sommes incarnés. C’est une tradition multiple qui est formée de plusieurs écoles dont certaines sont chrétiennes et qui peuvent se rapprocher de l’hermétisme ou de l’alchimie par la recherche de la vérité. Pour cette modeste introduction, nous nous baserons sur l’évangile « Pistis Sophia » qui compte l’enseignement de Jésus après sa résurrection et son commentaire par le Rose Croix Jan Van Rijckenborgh.
Pistis Sophia est un évangile de Valentin, ou des membres de son église, des coptes qui vécurent au IIème siècle.
La conception gnostique du monde se différencie des visions à la fois catholique romaine, ésotérique ou matérialiste du monde. On différenciera dans la vision gnostique la sphère divine d’immortalité d’une part, où réside dieu (ou le principe divin) et d’autre part la sphère de mortalité, dualiste ou dialectique, où réside les hiérarchies spirituelles des grandes religions et les formes-pensées, les égrégores. Cette sphère de mortalité peut elle aussi se décomposer en un monde matériel de forte densité, et un monde de matière subtile où les ésotéristes peuvent y croiser leurs interlocuteurs dématérialisés.
La gnose nous enseigne que nous avons en nous une parcelle divine. C’est ce qu’enseigne également le Bouddha lorsqu’il nous enseigne la libération, et on peut dire qu’avant le Christ, c’était un précurseur. Cette parcelle divine a été conçue dans le monde de l’immortalité mais une fracture originelle lui a fait oublier sa véritable nature et l’a plongée dans la sphère de mortalité. Cette chute est décrite par le «péché originel» dans le jargon chrétien.
Cette sphère de mortalité s’appelle ainsi car tout y est mortel et impermanent. Les êtres qui la composent naissent et meurent. Y compris les grands égrégores, les éons, formes-pensées ou archons naissant de part la ferveur des prières accumulées, mais qui malgré tout sont voués à disparaître à terme. Bien que leur durée de vie soit bien plus longue que la nôtre.
L’être humain que nous sommes est particulier. Il est composé d’une parcelle divine comme nous l’avons vu précédemment, mais également d’une personnalité mortelle issue du monde de la chute. Cette personnalité physique, cet égo, est né et va mourir. Étant issu du monde de la mort, c’est inévitable. Seule la partie divine qui est en nous peut survivre. Une fois la mort de l’être physique (matériel et subtil), tant que l’être divin ne s’est pas réveillé, un nouvel être mortel pourra lui être associé afin de pouvoir continuer à vivre dans ce monde dualiste.
Ceci explique la conception gnostique de la transmigration des âmes, qui ressemble beaucoup à la conception orientale de réincarnation.
La gnose, dans ce contexte, fournit un moyen, par la conaissance de toute cette sagesse, de se libérer de ce monde dualiste et de réveiller le moi divin en nous afin de le libérer de ce monde où il s’est endormi et perdu. C’est également la libération que le Bouddha a enseigné. En ce sens, la gnose s’oppose frontalement à toutes les idéologies, particulièrement new-age, qui prônent à la place une amélioration progressive, une évolution spirituelle lente qui somme toute se met à oublier l’idée de libération pour se contenter d’une amélioration du monde qui nous emprisonne.
C’est la dérive dans lequel sont tombées toutes les religions, y compris le bouddhisme qui a toujours prôné la grande libération. À l’exception probable du dzochen qui qui lui ne semble faire aucune concession.
De fait, l’idée d’amélioration continue et d’évolution spirituelle qui repousse toujours à une vie future la libération fait les choux gras de toutes les hiérarchies spirituelles qui vivent dans le monde subtil et se nourissent des prières des fidèles. Ce sont les égrégores. Issus au départ des premières prières des premiers humains, ils sont devenus autonomes et cherchent à reproduire la réalité dont ils sont issus. Ces formes-pensées vont tout mettre en œuvre afin de nous lier à ce monde dualiste, mais ils sont en réalité impuissants face à une réelle libération venant de l’être divin qui est en nous.
Ces égrégores, en fait, ne sont pas plus vivants que des ordinateurs. Bien programmés par les prières qui datent depuis l’origine des temps, ils répètent le programme que nous leur avons demander d’exécuter. Cependant, ils ne sont pas plus vivants que des ordinateurs. Ne possédant pas cette étiencelle divine, ils sont forcés de nous mettre en esclavage afin qu’ils puissent continuer à exister.
De ce fait, et par la pression de ces égrégores, les conaissance gnostiques ont été souvent utilisées de travers. Ces conaissances apportant une conaissance du monde est utilisée par les spiritualistes de tout poil afin d’améliorer leur condition matérielle. Dialogue avec les esprits et pactes avec les «anges», tout y passe. On est dans le pur new-age qui va même jusqu’à nier l’existance de cette étiencelle divine en nous, à juste titre car les gourous de cette nouvelle religion n’ont pas conaissance de cet être divin. C’est ce qu’on peut également appeler le matérialisme spirituel : utiliser les enseignements spirituels à des fins matérialistes et de confort mondain.
Le chemin de la rose
Nous employons ici un vocabulaire rose-croix que nous donne Jan Van Rijckenborgh dans son commentaire de Pistis Sophia. Il y décrit le chemin du gnostique ainsi :
La Pistis Sophia symbolise le penseur qui, après avoir exploré de fond en comble la nature dialectique, s’efforce de trouver la sagesse libératrice. La Pistis Sophia est représentée par une femme qui cherche l’initiation et qui, complètement découragée par la Pistis, la pensée intellectuelle, va retrouver celle-ci illuminée par la Sagesse divine, la Sophia.
Le chemin est décrit ainsi dans l’avant propos de Catharose de Pétri:
Dans le premier chant, la Pistis Sophia découvre la nature dialectique et la condamnation de l’humanité. Elle entonne le Chant de l’Humanité.
Dans le deuxième chant elle en vient à la découverte de son état naturel. C’est le Chant de la Conscience.
A partir de là elle fait entendre le Chant de l’Humilité vis-à-vis de l’Unique et Véritable Lumière.
Puis vient le Chant du Brisement : le moi est porté en terre.
Le Chant de la Résignation fait suite : la Pistis Sophia fait le don total d’elle-même.
Sur cette base retentit le Chant de la Confiance, où la Lumière est implorée avec une foi et une confiance totales.
Dans sa septième repentance, la Pistis Sophia chante le Chant de la Décision. C’est la montée ou la chute.
Ensuite a lieu la persécution. Les éons de la nature s’attaquent avec force à la Pistis Sophia, qui entonne le Chant de la Persécution.
Après le Chant de la Percée, elle se débarrasse positivement de son ennemi.
Ensuite elle chante le Chant de l’Exaucement. La Pistis Sophia voit pour la première fois la Lumière des Lumières.
La force de la foi intérieure est soumise à l’épreuve finale. La Pistis Sophia fait retentir le Chant de l’Epreuve de la foi.
Elle subit alors la grande épreuve que l’on peut comparer à la tentation dans le désert. Elle chante le Chant de la Grande Epreuve.
Enfin sa treizième repentance est le Chant de la Victoire: l’âme s’est élevée, elle voit et rencontre l’Esprit, son Py-mandre.
Le travail du gnostique peut se résumer ainsi : il faut que le moi dialectique diminue afin que le moi divin prenne sa place. C’est un changement d’identification qu’il faut opérer. Ainsi, à la question « Qui est je », on remplace petit à petit une réponse qui repose sur l’égo matériel ou subtil du monde dialectique à une réponse du monde divin. Le je devient l’étincelle divine qui est immortelle.
C’est le sens de la citation «Qui perd sa vie pour moi la sauvera». En renoncant à l’identification matérialiste, nous gagnons une identité immortelle divine. Le salut. Briser la roue du samsara, la grande libération.
Dans cette quête il existe des pièges. Il est fort aisé de penser à ces choses de manière intellectuelle, c’est autre chose que d’opérer le changement en nous. Afin d’obtenir la libération, il est nécessaire de vivre ce déplacement d’identification pour de vrai et non pas juste étudier les enseignements. Cela peut avoir un effet contre productif dans la mesure où l’étude vient renforcer l’égo que nous avons forgé.
Mise en perspective
On critique souvent les gnostiques de prôner la mort. Le gnostique serait sucidaire. C’est à la fois vrai et faux. C’est vrai dans le sens où le but du gnostique est la mort de l’égo dialectique, mais uniquement si on omet de considérer la partie divine en nous, auquel cas cela se rapporte à une seconde naissance, ou plus justement un éveil.
D’autre part, la vie du gnostique reste très précieuse jusqu’à ce qu’il réalise l’immortalité de son âme divine. Un sucide prématuré pourrait être au contraire fatal car un intérêt tout particulier est apporté à la libération au cours de la vie présente sans compter sur les vies futures.
Et une fois la libération accomplie, sans doute cela peut il se rapporcher du corps d’arc-en-ciel dont on parle en orient. On est loin d’un sucide tout de même.
On peut également reprocher au gnostique un désintérêt pour le monde matériel de la vie dialectique, et c’est vrai. Le gnostique se focalise sur la vie spirituelle, et il est normal de se désintéresser du monde matériel une fois qu’on s’est rendu compte de sa fausseté.
Références
- Joël LaBruyère, Kali Yuga, lumières sur la civilisation de l’Âge Noir
- Valentin, Pistis Sophia
- Jan Van Rijckenborgh, Les mystères gnostiques de la Pistis Sophia, commentaire de l’évangile.